J'abandonne III

Je reçois beaucoup de messages de soutien et des commentaires très pertinents: tellement qu'il est dommage de se contenter de la visibilité des commentaires pour y répondre... ils méritent un article à eux seuls.

JerryWham

  Copain  .jpg

En primaire, les profs de mes gosses utilisent des sites en dehors de l'ENT et ça pose de problème à personne. Qui plus est, certaines sont un peu foireuses à mon goût et n'ont pas la qualité de tes productions. Tu n'as pas répondu à ma question mais sérieusement, qu'est-ce que tu risques à continuer d'utiliser tes outils ? Un licenciement ? Une diminution de salaire ? Une mauvaise note ? De toute façon, le gros con qui te sert de supérieur ne peut pas te voir. Il en sera de même si tu vas dans son sens. Sauf que si tu courbes l'échine, il va plus se sentir pisser. Si tu es sûr concernant l'impossibilité de la fuite de données personnelles (le chat est l'appli qui me semble la plus touchy), laissent les en ligne. Si tu es clean niveau RGPD, laissent les en ligne. Personne ne peut t'interdire de mettre des outils à disposition de tous. Personne ne peut interdire aux parents de les utiliser. À la rigueur, demande leur un consentement, en bonne et due forme, pour que leurs mômes utilisent tes outils. Ton dirlo ne pourra pas aller à leur encontre... Utilise aussi l'ENT pour dire que tu utilises les outils merdiques que l'on te fournit. On ne pourra pas te reprocher de ne pas les utiliser. Tu as la liberté de choisir tes outils pédagogiques comme tu l'as dit toi même. Prends le ! À situation exceptionnelle, outils et cours exceptionnels. Sers-toi de l'argument que ces outils sont utilisés dans une situation inhabituelle. Courage. Ne lâche rien.

D'excellentes remarques (comme toujours copain ! o/)

Oui, j'ai vu des initiatives plus ou moins efficaces / sûres / fonctionnelles / accessibles / intuitives passer...

  • j'ai vu des gens utiliser discord pour faire cours: donc avec identification des gens puisqu'il faut s'inscrire... certes les élèves doivent déjà l'utiliser massivement pour jouer en ligne, mais quid de la fuite de données
  • d'autres utiliser des applis du genre classdojo (avec inscription de classes/noms prénoms des élèves, commentaires possible des parents sur toutes les publications etc) idem
  • d'autres encore recourir à des GAFAM, des skypes, des tableaux de «pearls»...

En gros, ils utilisent des trucs à source fermé, hébergé dieu sait où voire des machins dont la politique de gestions des données personnelles est ouvertement agressive. Mais ils font ce qu'ils peuvent et tout le monde s'adapte.

Pour autant, on ne les emmerde pas et encore moins en ce moment.

Tu as raison pour le chat... si les élèves devaient s'inscrire; il s'agit de phpchat: pas d'inscription, un pseudo suffit (pas besoin de savoir vraiment à qui on s'adresse pour répondre aux questions... à part pour s'adapter à des mômes neuro atypiques par exemple, comme c'est le cas de trois de mes élèves) pas de stockage de messages...

Pour ce qui est des risques,

c'est un autre point très intéressant: le syndicat et l'IPR son très évasifs à ce propos, preuve que tout dépend de la tendance du chef à être rancunier, tatillon et procédurier. Coup de pot, on est en plein dans le seul domaine de compétence de mon chef.

Pour te répondre, je pense objectivement que je ne risque pas grand-chose de grave: les chefs ne notent plus (même plus de note administrative) et j'ai déjà vu des gens pratiquer leur métier de façon ouvertement déplorable sans jamais être réellement inquiété (mon chef en est la preuve vivante).

Ce à quoi je m'expose, par contre, c'est à la rancune de mon chef qui a une ténacité de ténia psychorigide... il va sans cesse chercher un angle d'attaque, sortir un extrait bien isolé d'une note obscure, renvoyer des mails menaçants, m'attaquer sans me citer en réunion etc etc.

Je pourrais demander l'accord écrit et signé des parents (200 environ, plus pour les parents séparés)... mais ça ne changerait sans doute rien pour l'administration. Le RGPD, ils s'en torchent, ce qu'ils veulent c'est être inattaquables d'une part et pouvoir contrôler ce que tu fais d'autre part.

tout ça pour quoi ? Pour avoir le droit de faire mon métier comme il me semble devoir le faire ? Pfff... j'ai plus la force. Après tout, c'est qu'un boulot, hein... je refuse de me rendre malade.

Alors, on me dit - avec justesse - «mais et les élèves ?»

Ben justement: quand tu es prof, on te sort ça pour te faire tout accepter sous la pression de la culpabilité et parce que, quand tu fais prof, tu l'as choisi par passion.

Et on te fourgue des quart-d'heure lectures sur ton temps de pause sans rémunération en te disant «vous pouvez bien faire ça pour les élèves» (et tu t'assois sur plus de 20h sup non payées), on te multiplie les réunions inutiles (j'en ai eu dans lesquelles on n'a fait que le bilan de la précédente et l'ordre du jour de la suivante), on te force à faire des projets qu'on refuse par la suite de voter au CA sous prétexte «qu'on ne peut pas voter le budget des voyages de mai en octobre» (ce que les autres établissements font sans problème) etc.

En gros, il faut bien se dire que parfois, et c'est le cas dans mon collège, on ne te sert le bien-être des élèves que quand ça va dans leur sens... et c'est un argument auquel tu n'as pas droit en tant qu'enseignant. J'ai essayé de l'utiliser dans le cas qui nous occupe, on a noyé le poisson.

 Yvan apporte un éclairage intéressant sur la situation   .jpg

Yvan

Bonjour, Ayant travaillé il y a quelques années dans le service informatique d'un centre de formation, je comprends bien la position du chef d'établissement, vu que nous avons été confrontés à une situation un peu similaire ... et que ça à chier. En gros, nous avions un enseignant super impliqué dans la formation à distance, mais faisant cavalier seul. Celui-ci avait mis en place en loucedé toute un espace de formation pour ses élèves avec un LMS où il présentait ses cours (avec vidéo, exercices interactifs et tout)... La DSI a découvert cela tardivement et fut mise devant le fait accompli. Elle l'a laissé faire même si on aimait pas trop cela, le travail pédagogique était de qualité et le mec maîtrisait bien... Sauf que le mec s'est enflammé et a commencé à monter toute une infrastructure (réseau social, messagerie jabber, forums, etc.), jusqu'au jour où ça lui a péter à la gueule. En bref, il y a eut une énorme merdouille (je n'irai pas plus loin dans les détails), la presse s'en est emparé, c'est monté particulièrement haut ... puis c'est redescendu et le ventilateur a caca s'est lancé en mode ouragan. Le chef d'établissement a du donner des explications et s'est pris une grosse soufflante de la part de sa hiérarchie, le corps enseignant a été très malmené, quant au service informatique il s'est méchamment fait démonté... Des têtes sont tombés et des "remerciements" ont eut lieu... A ma connaissance la leçon a été bien apprise par l'établissement car depuis, la moindre volonté d'un enseignant de faire un truc dans son coin en informatique, sans mettre la DSI dans la boucle, est systématiquement dézingué à vue. Même si ton projet est probablement excellent (j'avoue ne pas le connaître plus que cela), sauf que si jamais il lui arrive une merde, vu la brassage de merde potentiel que cela peut occasionner, on peut comprendre une certaine réticence de la part de tes responsables. Par contre, si ton projet est vraiment de qualité, peut-être pourrais tu te rapprocher de ton service informatique afin d'avoir une expertise technique (permettant potentiellement de débloquer la situation) et voir éventuellement si le projet peut être repris par/avec eux (ensuite tout dépend du but réel pour lequel ce projet a été fait : pour tes élèves ou pour toi) ?

d'abord merci pour ce commentaire éclairé: il est très pertinent et mérite une contextualisation dans le cas qui m'occupe aujourd'hui.

J'ai parfaitement saisi l'idée de la responsabilité du chef et des instances en cas de dérive: c'est l'argument qu'il invoque pour s'octroyer le droit de faire chier... mais quand on lui dit - après une émeute qui aurait pu très mal tourner - qu'il faudrait qu'il soit dans les locaux dès 8h au lieu d'arriver à 9h30 parce que c'est à lui de gérer et qu'il en va de sa responsabilité légale, il enrage, écume, nous menace en affichant des messages rageux soulignés en rouge «la sécurité est de la responsabilité de tous». C'est un argument qu'il n'utilise que lorsque ça l'arrange et il devient très rancunier quand on l'utilise contre lui.

De plus, je n'ai jamais refusé de parler de mes projets, de les lui montrer, de les adapter si nécessaire: je le lui ai dit lors des réunions en question, je le lui ai répété à plusieurs reprises. Il ne s'est jamais manifesté, n'est jamais venu me voir en salle des profs, ne m'a jamais contacté par mail ni laissé un mot dans le casier. Noooon, trop de boulot... à chercher à éviter de bosser.

Pourtant, j'aurais parfaitement compris qu'il me demande de modifier quelque chose et j'avais la compétence pour le faire.

Ça prouve que le problème,

ce n'est pas la responsabilité ou mes applications... le problème, c'est moi: je n'ai pas toujours fermé ma gueule et je fais partie d'un groupe de «dissidents» qui n'acceptent pas, par exemple, qu'une émeute éclate ou qu'un élève bouscule un adulte et que rien se passe pendant une semaine, voire même que les gamins les plus violents soient dans les couloirs avec les personnes molestées dès le lendemain matin alors que les chefs ne sont même pas dans les locaux. Je refuse également qu'on me parle mal ou qu'on vocifère sur moi et dans ce cas, je ne me laisse pas faire... Je cherche la merde, hein ?!

Quant à l'idée de proposer mes applications au service informatique, c'est une bonne idée... mais le service en question est constitué de gens qui, quoi que tu fasses ou dises te prennent de haut, méprisent ton travail et refusent de s'y intéresser:

  • j'avais montré mon boulot à une IPR quand j'étais au pôle de compétences il y a des années... à peine un regard amusé: ben oui, j'étais juste le gars du site ouaibe académique
  • j'ai parlé à la représentante de la DANE de mes applis au moment de la mise à niveau du parc info, pas de réponse à par «moui il faudrait voir»

    En langage administratif  comprenez   va te faire cuire le cul  gros naze .jpg

  • quand l'IPR à qui j'ai parlé de mon problème m'a recontacté, elle a clairement sous-entendu qu'elle n'avait que survolé mon boulot et que la DANE ne l'avait même pas regardé (confirmation par la suite d'un autre IPR).

Donc, attendre un jugement de la part de gens qui te méprisent avant même que tu fasses quoi que ce soit... merci bien.

mercifullgod.jpeg

Pour finir, le point que tu soulèves dans la fin de ton commentaire est particulièrement intéressant: pour qui fais-je tout ça, les élèves ou moi-même ?

Pour les deux mon général ! Les élèves trouvaient leur compte dans mes efforts et je trouvais ça épanouissant de chercher sans cesse des moyens de les amener à bosser davantage, à mémoriser mieux... (naïvement, j'ai même pensé pendant des années que c'était mon boulot de m'adapter aux mômes et de trouver des solutions au lieu de me plaindre en disant qu'ils ne foutent rien)

Mais, est-ce que ça mérite de se battre et d'aller bosser en angoissant à l'idée de ce que ton chef va trouver pour t'emmerder ? Non.

C'est un BOU.LOT. Je le fais pour manger et faire vivre ma famille.

Conclusion

Désormais, et jusqu'à ce que ce chef se barre nuire ailleurs au moins, je vais réserver mon travail à des projets open-source que je mettrai à disposition d'une communauté qui :

  1. s'est toujours montrée bienveillante,
  2. a toujours apprécié le fait que je partage,
  3. m'a toujours aidé à m'améliorer par des critiques toujours constructives, jamais méprisantes et toujours fraternelles.

Merci à tous  .jpg

❝ 3 commentaires ❞

1  jerry wham le

Comme je te le disais, il ne faut pas se cuire la rate en cours bouillon. Ce n'est qu'UN boulot et si ça commence à t’entamer la santé, il faut laisser tomber.
Épanouie toi dans les outils libres et fuck à ceux qui ne veulent pas les utiliser.



PS : tu as squizzé le meilleur de mon commentaire :



 
2  Bronco le


Je SAVAIS que t'allais le remarquer !

 
3  Cyrille BORNE le

Salut,


Pour ma part, je crois que le plus important n'est les outils que nous utilisons mais notre présence auprès des jeunes. Pour avoir échangé pas mal avec mes élèves dans les dernières semaines, le confinement n'est pas du tout perçu de la même manière d'un individu à l'autre. Et c'est d'autant plus difficile à percevoir que nous sommes des geeks et que nous étions prêts à ça, à la limite dans l'attente pour le caractère expérimental de la chose. Ça va des gamines qui pleurent tout le temps, à ceux qui ont des idées suicidaires, des élèves qui ont des comportements autistes pour qui c'est encore plus compliqué et j'en passe.


Si les outils Microsoft, Facebook ou n'importe lesquels permettent de poser un peu de normalité dans une vie qui est très compliquée à l'heure actuelle, je me contrefous de l'outil pourvu que le but soit atteint : faire mon métier. Faire mon métier, ce n'est pas qu'enseigner les maths c'est être simplement moi, une présence familière, une habitude.


Tu as comme tu l'as dit des centaines de manières différentes de contribuer au libre, sans que ce soit dans ton métier, ce ne sont pas les projets qui manquent à coder (BoZon ?), ce ne sont pas les aides que tu peux apporter qui manquent. A l'heure actuelle, préserve toi, pense à ta famille, et quand tu retrouveras le chemin de l'école, prends rendez vous avec ton chef pour enterrer la hache de guerre et vivre dans la quiétude.


Le sage a parlé.

 

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