BALLAST | L'abécédaire de Noam Chomsky

Superbe et actuel:

Rappelez-vous, tout État, tout État a un ennemi principal : sa propre population. Si le climat politique commence à se détériorer dans votre propre pays et que la population commence à devenir active, toutes sortes de choses horribles peuvent arriver ; il faut donc que vous fassiez en sorte que la population reste calme, obéissante et passive. Et un conflit international est un des meilleurs moyens pour y arriver : s’il y a un dangereux ennemi dans les environs, les gens vont abandonner leurs droits, parce qu’ils doivent survivre.


Je ne pense pas qu’il devrait exister de lois contraignant les femmes à retirer leurs voiles ou à opter pour tel ou tel vêtement de baignade. Les valeurs séculières devraient être honorées : parmi elles, le respect des choix individuels tant que cela ne nuit pas à autrui. Les valeurs séculières devant être respectées sont mises à mal lorsque le pouvoir d’État empiète sur des domaines qui devraient relever du choix personnel. Si les juifs hassidiques choisissent de se vêtir dans des manteaux noirs, des chemises blanches et des chapeaux noirs, les cheveux conforme au style orthodoxe et l’habit religieux, ce n’est pas l’affaire de l’État. De même lorsqu’une femme musulmane décide de porter un foulard ou d’aller nager en burkini.



L’anarchisme, à mon avis, est une expression de l’idée que la responsabilité de prouver ce qu’on avance revient toujours à ceux qui affirment que l’autorité et la domination sont nécessaires. Ils doivent démontrer, avec de solides arguments, que cette conclusion est correcte. S’ils ne le peuvent pas, alors les institutions qu’ils défendent devraient être considérées comme illégitimes.


Les élections n’offrent pas d’issue car les centres de décisions — la minorité des nantis — se rejoignent pour instituer une forme particulière d’ordre socio-économique. Ce qui empêche le problème de trouver son expression. Les choses dont on discute ne touchent les électeurs que de loin : questions de personnes ou de réformes dont ils savent qu’elles ne seront pas appliqués. Voilà ce dont on discute, non ce qui intéresse les gens.


L’endoctrinement n’est nullement incompatible avec la démocratie. Il est plutôt, comme certains l’ont remarqué, son essence même. C’est que, dans un État militaire, ce que les gens pensent importe peu. Une matraque est là pour les contrôler. Si l’État perd son bâton et si la force n’opère plus et si le peuple lève la voix, alors apparaît ce problème. Les gens deviennent si arrogants qu’ils refusent l’autorité civile. Il faut alors contrôler leurs pensées. Pour ce faire, on a recours à la propagande, à la fabrication du consensus d’illusions nécessaires.


L’argument le plus fréquent est qu’il fallait faire quelque chose : on ne pouvait pas rester les bras croisés alors que les atrocités continuaient. On a toujours le choix. Il est toujours possible de suivre le principe d’Hippocrate : “D’abord ne pas faire de mal.” Si vous ne parvenez pas à adhérer à ce principe élémentaire, ne faites rien. Il existe toujours des voies à explorer. La diplomatie et les négociations ne sont jamais épuisées

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