Réflexion perso: reconversion professionnelle

En ce moment, je me pose une question que la plupart des gens doivent sans doute se poser à un moment ou un autre de leur carrière: est-ce que je peux encore continuer comme ça 20 ans ?!

Cette question s'est imposée à moi encore plus fort et plus tôt cette année... je me suis demandé pourquoi et surtout, pourquoi ça générait autant d'anxiété.

En faisant l'image de titre, j'ai résumé le souci.

Je commence à saturer, c'est un fait.

J'en ai assez de mener des combats d'arrière-garde avec des gamins ayant de moins en moins envie d'obtenir le moindre résultat positif.

J'ai 47 ans et certains jour j'en ai marre de me battre contre la mauvaise foi et la provocation de certains mômes.

Je me lasse de répéter autant et il me semble que quoi que je change, j'en reviens toujours aux mêmes situations.

J'en ai raz le pif des injonctions contraires de l'éducation nationale qui demande plus avec moins... toujours moins.

J'en ai plus qu'assez d'avoir le sentiment d'être plus ou moins méprisé (ya qu'à voir le salaire gelé depuis 7 ans)

Mais il y a ma personnalité aussi

Je n'ai plus les 25 ans du début de ma carrière: je me sens moins patient, c'est un fait, mais je commence à m'en foutre un peu, certains jours... à force de perdre de l'énergie au quotidien à essayer de faire bosser les mômes, on s'use. De toutes façons, j'ai l'impression que soit tu prends de la distance soit tu fais une dépression... (ou alors, tu t'investis dans toutes les réformes à la con avec un enthousiasme pathétique comme certains de mes collègues qui sont toujours adeptes des feux de pailles pédagogiques... mais bon, moi j'ai une vie et des projets à côté)

Mais également

De plus, j'en peux plus d'être obligé de parler toute la journée sans pouvoir prendre de pause quand j'en ai besoin. On ne s'en rend pas compte de l'extérieur, mais «assurer le show» toute la journée est épuisant, surtout quand tu fais le bilan du résultat.

Ma collègue d'espagnol, qui est devenue prof «à cause de moi» m'a encouragé l'autre jour en me disant que ce que j'apporte aux élèves dépasse très largement le domaine pédagogique. Certes, mais c'est crevant.

Plus le temps passe, plus je deviens ours et plus je pourrais passer de temps seul et sans rien dire.

Quand j'en parle autour de moi...

...mes potes -enseignants pour la plupart- me disent que je suis un des rares qui pourrait faire autre-chose du fait de mes compétences en programmation ou en informatique en général.

Et ils pensent me faire du bien... alors que c'est le syndrome de superman:

Superman n'est superman que sur terre, comparé aux humains...

Mais sur Krypton, ce serait un croquant lambada.

J'ai envie de faire autre chose... au moins sur une partie de la semaine ou pour quelques années.

Mais je me heurte à plusieurs angoisses terribles:

Lâcher la proie pour l'ombre

A 47 ans et avec 4 enfants, tu ne lâches pas un taf assuré à vie. Non. En plus, je culpabilise: j'ai l'impression de me plaindre la bouche pleine quand tant d'autres sont dans les emmerdes de taf, de famille etc.

Être à la hauteur

Grosse grosse angoisse, ça: je suis un autodidacte, un vrai. Démerdard et bricoleur mais sans diplôme d'informatique en poche, ça vaut que dalle. En plus, je suis un lent: je viens à bout de la plupart des choses, mais parfois, faut que je creuse, que ça mûrisse... Autant de choses qui ne posent pas de problème quand tu codes dans ton bureau mais qui me semblent incompatibles avec un taf en entreprise.

Et si, une fois le bord de la piscine lâché, je m'aperçois que je ne suis pas à la hauteur ?! J'en dors pas.

Perte de temps libre

En plus, mon boulot de prof m'a laissé du temps pour m'occuper vraiment de ma famille, d'être là à la plupart des moments de leur vie. Un taf différent, ça signifierait sans doute des horaires moins compatibles avec eux. (sans rire )

Mobilité

Enfin, il y a le problème de la mobilité: je vis en rase campagne Normande... Bosser dans l'informatique ne ce fera pas sans déménagement... encore un truc imposé à ma famille.

Et donc ?!

Mon épouse à dégoté l'email d'un dev' qui bosse à Kosmos, entreprise développant l'ENT (espace numérique de travail) et, voyant que je n'écrivais pas, elle m'a préparé l'email pour que je le fasse.

Je crois que j'ai arrêté de dormir correctement à peu près au moment où j'ai appuyé sur «envoyer», c'est con, hein?

Après un entretien téléphonique avec une DRH très sympathique et agréable, la conclusion est celle à laquelle je m'attendais: il faudrait que je fasse une formation (au moins java).

Ça veut dire congé de formation, mais du coup, après un congé de formation, je devrai de toutes façons bosser encore 3 ans dans l'éducation nationale avant d'aller voir ailleurs.

Bref...

 Je suis pas beaucoup plus avancé en fait   .jpg

❝ 15 commentaires ❞

1  Cyrille BORNE le

Je ne te conseille absolument pas un job à plein temps dans l'informatique, l'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs, encore plus quand on a 47 ans et qu'on est en concurrence face à des gamins de 20 dans le code. La force de notre métier c'est justement le temps, pourquoi ne pas l'utiliser pour en faire quelque chose ?

 
2  Bronco le

Oui, c'est un aspect auquel j'ai évidemment pensé... Toutefois, le temps libre ne peut être employé à bosser davantage: cette recette, je l'ai déjà utilisée avec les conséquences que tu connais... Il faudrait réduire la voilure d'un côté pour se lancer dans autre chose de l'autre.

 
3  jerry wham le

Je suis à peu prêt dans le même état sauf que je vis en ville et que je ne bosse pas dans l'éducation nationale.


Je suis en train de faire une VAE. On verra ce que ça donne.
Tu n'es pas obligé de poser un congé spécialement pour la formation. Il en existe à la carte (http://formation.cnam.fr/rechercher-par-discipline/certificat-professionnel-technicien-developpement-applications-informatiques-200517.kjsp?RF= par exemple)


Tout ce que tu décris, je l'ai pensé fortement. Je n'avais pas de description aussi précise mais maintenant que je viens de te lire, le syndrome de Superman, c'est exactement ça. Cumulé au syndrome de l'imposteur et c'est la fête.


Le problème est que l'on n'est plus tout seul dans l'équation et que si on se plante, on risque de planter (ou on plante) tout le monde.
Perso, je ne pense pas être capable de le prendre ce risque.

 
4  Bronco le

C'est exactement ça, tout plantage entraîne la famille dans la galère... et ça fout les jetons.
C'est fou avec quel acharnement on se retire toute légitimité à soi-même et à quel point on peut se dévaloriser (et culpabiliser, pour faire bonne mesure)


Je ne connaissais pas la VAE, je vais y jeter un oeil intéressé dès ce weekend.
Tu es dans quel domaine en ce moment ?

 
5  Gilles le

Salut,
Je te suis depuis quelques années, ton blog est dans mon flux RSS et je t'écoute aussi sur mastodon.
Tes projets sont supers intéressants et je peux t'assurer que tu as le niveau pour faire du dev et progresser dans une entreprise ou agence.
Tu subis probablement le syndrome de l'imposteur et quand tu te compares à d'autres, tu te sens tout petits mais faut juste se dire que c'est normal...
Comme toi j'étais prof en collège pendant 15 ans et j'ai eu les mêmes symptômes.
Plusieurs pistes sont possibles et dans tous les cas tu perdras des choses et tu en gagnera d'autres.
A l'époque j'avais contacté un service au rectorat pour parler de mon malaise, je ne me souviens plus du nom du service mais quelques temps plus tard j'ai eu un entretien pour le service info du rectorat. Finalement ça ne s'est pas fait, je ne suis pas allé travailler là bas mais il y a des possibilités.
Sinon il y a les lycées français à l'étranger, ils te prennent sur dossier, voir le site de l'aefe.
Tu fais le même job mais le public est différent et la vie aussi. Sûr que ça nécessite de bouger mais parfois ça fait du bien à la famille. De loin ça paraît compliqué mais c'est vraiment faisable.
J'ai fais ça pendant quelque années en Afrique et c'était le fun.
Maintenant je suis au Québec et les opportunités ici sont nombreuses, ils cherchent beaucoup de profs, le taux de chômage est à 4%. J'ai commencé en étant dev junior en agence et maintenant j'enseigne dans un cégep. Les conditions sont excellentes comparé à la France.
Ça nécessite de bouger aussi mais on a rien sans rien!
Je ne connais pas l'âge de tes enfants mais les jeunes tu les prends avec toi et les grands en appart!
Sinon il y a l'arrêt maladie, se mettre à 50%, demander une dispo mais ça peut prendre du temps, le mi-temps annualisé, comme ça tu fais le tour du monde pendant 6 mois, le psy (ça fait du bien), créer ta boîte, prendre des cours au Cnam...
Des fois on nous pousse au bord de la falaise et on a peur de tomber. Finalement quand on tombe on s'aperçoit qu'on vole.
Te pose pas trop de questions et vas y à l'instinct!
Bonne réflexion et tiens nous au courant, les gens qui te suivent pourraient avoir des idées ou des opportunités pour toi, faut activer ton réseau!
La bise

 
6  Bronco le

Je te remercie pour la qualité de ton commentaire, tes compliments, tes conseils et ta fidélité !
Le Cnam me semble une bonne idée pour commencer et j'apprécie tout particulièrement l'image de la falaise qui me parle bien


Je tape ce commentaire pendant que mes 3ème recopient le cours que j'ai péniblement réussi à faire avec 5 d'entre eux (ils sont 30)

 
7  lareinedeselfes le

coucou ,
je trouve ton idée de l'ENT super ! une formation c'est toujours bon à prendre .
et les 3 ans ? tu les verras sans doute d'un autre œil une fois cette formation faite . Je pense que ça te donnera de l'oxygène et du temps pour mûrir ton projet . En plus tes mômes auront grandi ....
bon courage !

 
8  matiu le

Salut,
Les raisons de vouloir partir sont parfaitement légitimes, mais j'aimerai donner un ou deux arguments pour essayer de te convaincre de rester:
1/ c'est le plus bateau, le plus gnangan, donc je commence par celui-là parce qu'il n'en est pas moins vrai : même si les élèves te fatiguent (euphémisme...) ils ont besoin de toi : le simple fait que tu tu poses des questions sur la qualité de ton travail, et que tu remettent en question la façon dont l'Educ Nat est cassée brique par brique par les politiques, montre que justement tu es un de ceux dont l'Educ Nat a besoin. Et les élèves plus que tout au monde ont besoin de profs qui s'intéressent à ce qu'ils font, et s’inquiètent de le faire bien. Car s'ils ne sont qu'un lot de copie à la fin de la journée, toi tu es leur prof. Tu es celui qui, quelle que soit la matière que tu enseignes, peut changer leur vie en leur donnant une vocation, ou tout simplement un plaisir à pratiquer [insérer ici la matière, ça marche pour tout]
2/ ce qui m'a décidé à écrire : tu fais référence à Kosmos dans ton billet. Il se trouve que je suis webmaster dans notre grande maison (en enseignement sup', université, mais le principe est le même) et je connais donc bien ces boites. J'en suis à mon deuxième site créé dans deux établissements différents avec Ametys, la solution de Anyware Service les concurrents directs de Kosmos. Et j'ai eu à de nombreuses reprises les commerciaux et les dev de Kosmos dans mon bureau pour essayer de me vendre leur outil : ma recommandation en la matière est "Fuyez, pauvres fous !"

Sincèrement, pour avoir travaillé avec eux sur des projets pendant plusieurs années, je t'assure que quelle que soit ta passion pour l'informatique, ta motivation pour suivre une formation Java etc, c'est un milieu dans lequel tu ne veux pas vivre. Un cercle de l'enfer ou l'obsession du moindre coût est l'alpha et l'omega (le 1 et le 0) de chacune de tes respirations. Si tu as pris ne serais-ce qu'un jour l'habitude de travailler pour faire quelque chose de bien, et non seulement de rentable pour ton patron, tu ne pourras pas être heureux dans une boite privée. Et encore moins dans une boite d'informatique dont le principe de base est "faire ce que le client a demandé, même si c'est mal demandé ou si ça n'est pas ce dont il a besoin, en un minimum de jours". Et encore moins dans une boite d'informatique dont le business model et d'extirper le maximum de pognon de ton (éventuel) ancien employeur, donc du pognon qui ne servira pas à payer tes (éventuels) anciens collègues, payer des fournitures aux élèves ou tout simplement des ordis pour les salles de cours, parce que, désolé, le marché avec Kosmos ou Anyware a bouffé tout le budget informatique pour l'année.
Ça se voit que je leur en veux, ou pas ? ;) Je pense que l'existence de ces boites, Kosmos et Anyware, est un cancer pour l'Educ Nat, mais ça n'est pas que leur faute, ils prospèrent aussi parce que nos responsables (pardon, nos manager, gggnnnnn dents qui grincent) sont aussi des imbéciles qui pense que c'est plus simple de passer un marché que de faire bosser les collègues développeurs en interne dans de bonnes conditions (comprendre : avec du temps pour bosser, pas des délires sorti d'une réunion de chef à mettre en prod du jour pour le lendemain).
Ce qui me mène à mon point 3 :
Sincèrement, si tu as envie de faire de l'informatique à plein temps, reste dans la maison ! fait une formation, effectivement, pourquoi pas, mais surtout passes un concours interne pour valider tes nouvelles compétences et te faire muter dans un service de DSI ! Tu seras mille fois plus utile en restant à l'intérieur. Vraiment. On a besoin de toi, de gens qui se posent des questions et ont envie de faire bien.
(Et bon vent quand même l'ami, n'oublie pas aussi que "ça n'est qu'un boulot", surtout quand on a des mômes ;))

 
9  Bronco le

Merci pour cette opinion très argumentée et pertinente...
En effet, je manque de points de vue de l'intérieur de ces boîtes, même si je me doute qu'elles ne sont pas forcément le lieu de l'épanouissement humain


L'idéal pour moi aurait été de développer au sein de l'éducation nationale, même sur un mi-temps en détachement.
En tout cas, ton avis compte beaucoup dans ma réflexion, merci encore

 
10  nbv le

Les déménagements m'ont beaucoup affecté quand j'étais gamin, essaye de trouver une boîte qui fait du 100% télétravail − ou presque (il en existe, surtout à l'étranger cela dit).


En tant que dev, si ça peut aider :



  • https://roadmap.sh

  • https://stitcher.io/blog/php-in-2019

  • En lisant ton code : suis les PSR, ne mélange pas la logique et la vue, utilise la SPL quand tu peux, évite de créer tes propres parseurs à coups de regex, utilise un gestionnaire de dépendances, et apprends Laravel (ça va te faire aimer PHP de nouveau).

 
11  Bronco le

Merci pour ce commentaire et le temps que tu as pris pour jeter un regard sur mon code. ;-)

 
12  jerry wham le

@nbv : Et lis Tom Bulter (https://r.je/), pour avoir un autre son de cloche que le tocsin habituel...
@Bronco : dans la recherche clinique depuis 16 ans... mais je ne suis pas sûr que ça va durer même si j'adore ce que je fais.

 
13  jerry wham le

Un post qui calme grave : https://www.jesuisundev.com/ce-que-personne-ne-te-dira-sur-le-metier-de-developpeur/
et surtout l'annonce de Quentin : https://invidio.us/watch?v=gXdoKDh8tso
Il parle quelle langue ?

 
14  Bronco le

J'ai compris: «le» «s'asseoir» et «coder»
Mais j'ai réagi comme toi à l'article de jesuisundev.
C'est pour ça qu'il est bon de poster ses réflexions, ses expériences etc, ça sert toujours à quelqu'un...


Mais comme tu dis: «ça calme grave»

 
15  Erase le

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